La différence entre les sexes en matière de perception sociale chez les jeunes

De nouvelles informations majeures sur la compréhension de la pensée sociale et émotionnelle, mais aussi sur les relations ont été découvertes chez les filles.

Il s’agit d’une traduction (réalisée par notre équipe de traduction bénévole) de l’étude scientifique « Sex differences in social and emotional insight in youth with and without autism » https://molecularautism.
Merci aux étudiantes de master 2 Traduction et Interprétation à l’Université de Bretagne occidentale et plus particulièrement à Marine Régnier, Dounia Latorre et Aurianne Damoy pour leur travail de traduction.

Les différences entre les sexes en matière de perspicacité socioémotionnelle chez les jeunes autistes et neurotypiques

Résumé

L’autisme a été officiellement reconnu par le milieu médical au cours de la première moitié du XXe siècle. Près de 100 ans plus tard, quelques articles, de plus en plus nombreux, font état des différences entre les sexes dans l’expression comportementale de l’autisme. La perspicacité sociale et émotionnelle des personnes autistes commence à être au centre des récentes recherches. La présente étude porte sur les différences entre les marqueurs linguistiques de la perception sociale et émotionnelle chez les filles et garçons autistes et non autistes lors d’entretiens cliniques semi-structurés. Soixante-quatre participants âgés de 5 à 17 ans ont été appariés individuellement en fonction de leur âge chronologique et de leur QI pour former quatre groupes : filles autistes, garçons autistes, filles non autistes et garçons non autistes. Les transcriptions ont été classées sous quatre catégories en fonction des aspects de la perspicacité sociale et émotionnelle. Les résultats ont révélé les effets principaux du diagnostic. Les jeunes autistes ont fait preuve de moins de perspicacité que les participants neurotypiques dans les catégories « cognition sociale », « relation d’objet », « investissement émotionnel » et « causalité sociale ». De manière générale, les filles ont obtenu de meilleurs résultats que les garçons dans les catégories « cognition sociale », « relation d’objet », « investissement émotionnel » et « causalité sociale ». Examinées séparément dans chaque diagnostic, des différences claires entre les sexes sont apparues : les filles autistes et neurotypiques font preuve d’une meilleure cognition sociale et d’une plus grande compréhension de la causalité sociale que leurs pairs masculins. Cependant, aucune différence n’a été constatée dans les catégories de perspicacité émotionnelle. Ces résultats démontrent que la cognition sociale et la compréhension de la causalité sociale pourraient constituer une différence au niveau de la population, malgré les défis fondamentaux qui caractérisent l’autisme. De nouvelles informations majeures sur la compréhension de la pensée sociale et émotionnelle, mais aussi sur les relations ont été découvertes chez les filles.

Contexte

L’autisme est un trouble neurodéveloppemental qui touche un écolier américain sur quarante-quatre [1]. Les difficultés de communication sociale et les schémas restreints de comportements et d’intérêts en sont les principales caractéristiques. Même si les garçons ont quatre fois plus de chances d’être diagnostiqués autistes que les filles [3], de nouvelles données portent à croire qu’une importante proportion de filles autistes ne sont pas (voire mal) diagnostiquées durant l’enfance, ou sont diagnostiquées plus tard à l’âge adulte. Par conséquent, beaucoup d’entre elles passent à côté de soins et d’interventions précoces. Le manque de diagnostics des filles autistes ne signifie pas qu’elles nécessitent moins de soutien. Au contraire, on démontre que même lorsque les filles ont des profils similaires à ceux des garçons, les diagnostics sont moins nombreux [5]. Ce phénomène peut être dû au fait que les traits autistiques se manifestent différemment selon les sexes. Par conséquent, ils ne sautent pas aux yeux des cliniciens qui se basent sur un prototype masculin de l’autisme. Les filles sont confrontées à des exigences sociales différentes, elles sont donc susceptibles d’exprimer leurs traits autistiques d’une autre manière.

Les différences dans la présentation comportementale de l’autisme, y compris la façon dont les enfants parlent des sujets sociaux et émotionnels, peuvent être à l’origine des problèmes persistants liés à l’identification et au soutien des filles autistes. Des études, de plus en plus nombreuses, montrent que le comportement des filles et des garçons autistes diffère dans de nombreux domaines : l’attention sociale [6], le mouvement [7], les jeux de simulation [8], les amitiés [910], les motivations sociales [11], la réciprocité sociale et le langage [12, 13, 14, 15, 16, 17, 18]. Cependant, ces différences entre les sexes et les aspects moins visibles, tels que la perspicacité sociale et émotionnelle, ne sont pas encore bien compris. En effet, les idées reçues concernant la perception sociale et émotionnelle dans l’autisme (le fait qu’elle soit complètement absente ou non importante n’a pas été étudié) peuvent complexifier l’identification de certains sous-groupes qui démontrent des niveaux de perception plus élevés. En réalité, ces différences de perception sociale et émotionnelle ont été principalement observées chez ceux qui avaient de grandes capacités intellectuelles et verbales. La présence de déficiences intellectuelles et de capacités de communication limitées doit être prise en considération lors des futures études sur la compréhension sociale et émotionnelle.

La perspicacité sociale et émotionnelle dans l’autisme

Les problèmes de communication sociale font partie des critères essentiels au diagnostic de l’autisme [2]. Ces difficultés de communication peuvent se manifester différemment d’un individu à l’autre et inclure des problèmes de compréhension et de perception sociale qui se traduisent par des « gaffes » et des échecs répétés. Cette compréhension émotionnelle renvoie à la capacité à expliquer verbalement ce qu’un individu ressent mentalement et physiquement lorsqu’il éprouve une émotion spécifique, mais aussi à la capacité de se souvenir d’expériences passées ayant suscité une certaine émotion, l’impact que celle-ci et les actions associées peuvent avoir sur les autres, ainsi que la capacité à décrire le moment où les proches de l’individu peuvent ressentir une certaine émotion. La majorité des recherches sur la compréhension des émotions dans l’autisme se sont concentrées sur l’amélioration de l’identification des émotions par les individus, notamment avec des exercices d’identification des émotions faciales à partir d’images statiques [20, 21, 22]. D’importantes informations ont été découvertes, certes, mais ces résultats ne peuvent mettre en évidence la reconnaissance d’émotions plus complexes, qui ne sont pas toujours perceptibles à travers les expressions faciales. Cette prise en compte est essentielle, car les défis socioémotionnels auxquels sont confrontées les personnes autistes sont plus complexes et s’inscrivent dans un contexte social vaste et dynamique.

Les recherches antérieures qui évaluaient les capacités des participants autistes à décrire ce qu’est une émotion ou à donner des exemples d’émotions selon leurs propres expériences ont été limitées. Or, les données disponibles à ce jour révèlent que les personnes autistes sont capables de décrire et de donner des exemples des émotions de base, telles que la joie, la tristesse et la colère, mais qu’elles ont plus de difficultés à décrire les émotions complexes [23].

Différences sociales et émotionnelles entre les sexes

De nombreuses recherches montrent que les filles non autistes ont une compréhension, des compétences et une perspicacité sociale supérieures à celles des garçons, tant au niveau verbal que non verbal [92425]. Cependant, on ne sait toujours pas si les différences entre les sexes, à l’échelle de la population, en ce qui concerne la perspicacité socioémotionnelle, soit la compréhension interne profonde de la dynamique sociale et des expériences émotionnelles, sont les mêmes chez les filles que chez les garçons autistes.

Au niveau comportemental, certaines études soulignent que les filles et femmes autistes semblent avoir plus de facilités sur le plan socioémotionnel qu’elles en ont vraiment [2627]. Par exemple, les enseignants indiquent avoir moins de préoccupations quant aux comportements sociaux chez les jeunes filles autistes, en partie car elles « se fondent dans la masse » ou « se camouflent » [28] en dépit de leurs luttes internes [2930]. Les études enregistrées chez les enfants pendant la récréation montrent que les filles autistes étaient généralement vues en groupe et passaient la plupart de leur temps libre à sociabiliser, tandis que les garçons passaient plus de temps à faire des activités structurées ou étaient plus isolés [31].

Les filles faisaient plus d’activités sociales durant lesquelles elles étaient confrontées à des situations sociales et avaient donc plus d’occasions d’apprendre et de développer leur sens de la sociabilité. Contrairement aux garçons, les filles autistes sont plus susceptibles d’être acceptées par les filles neurotypiques jusqu’à l’adolescence, lorsque les amitiés évoluent et commencent à exiger des compétences sociales beaucoup plus subtiles [3233]. Puisque les jeunes filles diagnostiquées autistes montrent de meilleures capacités sociales que les garçons, elles peuvent s’appuyer sur cette compréhension et perspicacité sociales pour se camoufler ou pour mieux aborder les situations sociales. S’il est tout à fait possible que les filles autistes aient de meilleures capacités de perception socioémotionnelle interne que leurs pairs masculins, la possibilité qu’elles aient un niveau plus élevé d’introspection n’a pas encore été examinée.

Le sexe fait référence aux caractéristiques biologiques qui définissent les êtres humains comme étant de sexe féminin ou masculin. Même si ces caractéristiques biologiques tendent à différencier les humains, elles ne s’excluent pas totalement l’une de l’autre et certains individus possèdent les deux. Le genre fait référence aux caractéristiques, construites socialement, des filles, des garçons, des femmes et des hommes. Finalement, le genre est lié aux normes, aux comportements et aux rôles qui y sont associés. En termes de construction sociale, le genre varie d’une société à l’autre, il peut évoluer dans le temps et en fonction du contexte social, et ce de façon individuelle ou interindividuelle.

Étude actuelle

Nous manquons de recherches sur la perspicacité socioémotionnelle dans l’autisme, mais les informations recueillies auprès d’enfants non autistes montrent que les filles neurotypiques font preuve d’une plus grande perspicacité que les garçons non autistes. L’hypothèse suivante a été émise : la différence entre les filles et les garçons neurotypiques en matière de perspicacité sociale et émotionnelle peut être préservée chez les filles et les garçons autistes. Cette étude tend à évaluer les différences entre les sexes en matière de perspicacité socioémotionnelle chez les jeunes autistes et à les comparer à celles de leurs pairs neurotypiques, en évaluant le langage produit pendant les entretiens de diagnostic couramment décrit dans the Autism Diagnostic Observation Schedule-2e édition (ADOS-2 ; [33]). En nous basant sur des recherches antérieures, nous allons tester trois hypothèses : premièrement, le langage produit par les enfants neurotypiques obtiendra de meilleurs résultats (notés par des personnes n’ayant pas connaissance du diagnostic) en matière de perspicacité sociale et émotionnelle que celui produit par les enfants autistes, peu importe le sexe. Ensuite, le langage des filles sera considéré comme plus perspicace que celui des garçons, peu importe le diagnostic. Enfin lors d’une analyse exploratoire, chaque diagnostic a été examiné un à un afin de déterminer si les différences entre les sexes en matière de perspicacité sociale restaient significatives. Le but de cette étude était d’approfondir la compréhension de la perspicacité sociale et émotionnelle dans l’autisme, en mettant l’accent sur les différences entre les sexes qui pourraient avoir un impact sur le processus d’orientation, ainsi que sur le diagnostic clinique.

Méthodes

Participants

64 enfants et adolescents, dont 32 étant autistes (16 filles) et 32 ne l’étant pas (16 filles), ont été choisis parmi un groupe de personnes suivies dans un grand centre de recherche médicale universitaire (Centre de recherche sur l’autisme de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie). Les enfants ont participé à de vastes évaluations diagnostiques de l’autisme, des tests de QI (dont un score minimum de 75 était requis pour la participation) et des mises en situation comportementales. Les participants dont les données étaient complètes (âge, sexe, ethnie, enregistrements ADOS-2 et tests de QI) ont d’abord été sélectionnés. Le sexe des participants a été défini en se fiant à celui déclaré par les parents. L’étude actuelle comporte 4 groupes basés sur le sexe et le diagnostic : les filles non autistes, les garçons non autistes, les filles autistes et les garçons autistes. Les participants ont été appariés en fonction de leur QI (à 15 points près), de leur âge (à 18 mois près), mais aussi, pour les enfants autistes, en fonction de la sévérité de leurs traits autistiques (à 5 points près sur l’échelle SCQ). Les caractéristiques des participants et les statistiques sont présentées dans le Tableau 2 du fichier additionnel 1.

Les participants ont été recrutés suivant diverses méthodes, notamment la publicité, le bouche-à-oreille et le re-recrutement à partir d’études antérieures. Les participants ont été exclus de l’étude parentale approfondie s’ils présentaient un syndrome génétique connu, des antécédents de commotion ou de lésion cérébrale ayant un impact sur le fonctionnement actuel, des antécédents de prise de médicaments pouvant entraîner des modifications permanentes du comportement moteur (par exemple, les amphétamines), un âge gestationnel inférieur à 34 semaines (8 mois) ou si l’anglais n’était pas leur langue maternelle. Les parents des participants ont donné leur consentement écrit pour participer à cette étude, supervisée par l’hôpital pour enfants de Philadelphie.

Mesures

Tous les participants ont rempli les caractéristiques du Autism Diagnostic Observation Schedule-2e édition (ADOS-2 [33]), une évaluation créée par un clinicien déterminant la présence de l’autisme et la sévérité de ses symptômes. Les participants ont reçu le module 3. Celui-ci nécessite des compétences verbales courantes, en fonction de l’âge chronologique et du jugement clinique de l’examinateur. La fluidité verbale a été définie par le fait que les compétences linguistiques expressives soient égales ou supérieures à celles d’un enfant de 4 ans, par la capacité d’un individu à utiliser régulièrement des phrases complexes, à produire certains types de phrases et de formes grammaticales, à fournir des informations surpassant le contexte immédiat et à utiliser des expressions logiques telles que « mais » et « parce que » [34]. Les résultats généraux ont été calculés pour les domaines de l’affect social et du comportement restreint et répétitif [35]. Les parents et les soignants ont rempli le Social Communication Questionnaire (SCQ ; [35]) pour évaluer la présence des symptômes de l’autisme. Les diagnostics d’autisme ont été donnés par des cliniciens experts titulaires d’un doctorat, selon l’approche de la meilleure estimation clinique (CBE) [34]. La méthode du CBE priorise les critères du DSM-5 en s’appuyant sur les antécédents familiaux et médicaux et sur l’évaluation d’un spécialiste de l’autisme.

Tous les participants ont passé une évaluation cognitive. Les cliniciens ont appliqué soit les Differential Ability Scales-2e Édition (DAS-II ; [36]), le Wechsler Abbreviated Scale of Intelligence-2e Édition (WASI-II; [37]), le Stanford-Binet Intelligence Scales-5e Édition (SB5 ; [38]) ou le Wechsler Intelligence Scale for Children-5e Édition (WISC-V; [39]) conformément au protocole de l’étude plus large dont l’échantillon actuel a été recruté. Pour que la comparaison des évaluations soit possible, les résultats ont été normalisés et réduits à une estimation cognitive globale (QI total), ainsi qu’à des sous-résultats de QI verbal et de QI non verbal par un neuropsychologue expert agréé (voir Tableau 1.).

Tableau 1 : Caractéristiques démographiques et cliniques des participants (moyennes, écarts-types et fourchettes)

Autistes (N = 32)
Non-autistes (N = 32)
Effets

Sexe-ratio
16 f, 16 m (50 % masculin)
16 f, 16 m (50 % masculin)
χ2 = N / A, p = N / A

Appartenance ethnique
Noir ou afro-américain : 3,1 % (n = 1)

Blanc / Caucasien : 87,5 % (n = 28)

Asiatique ou insulaire du Pacifique : 3,1 % (n = 1)

Multiethnique : 6,3 % (n = 2)

Autre : 0 % (n = 0)

Noir ou afro-américain : 37,5 % (n = 12)

Blanc / Caucasien : 37,5 % (n = 12)

Asiatique ou insulaire du Pacifique : 6,3 % (n = 2)

Multiethnique : 15,6 % (n = 5)

Autre : 3,1 % (n = 1)

χ2 = 18,32, = 0,001

Éducation de la mère
Lycée ou moins : 3,1 % (n = 1)

Licence ou moins : 46,9 % (n = 15)

Master : 28,1 % (n = 9)

Non communiqué : 21,9 % (n = 7)

Lycée ou moins : 9,4 % (n = 3)

Licence ou moins : 28,1 % (n = 9)

Master : 34,4 % (n = 11)

Non communiqué : 28,1 % (n = 9)

χ2 = 10,17, = 0,118

Filles
Garçons
Filles
Garçons
Sexe
Diagnostic
Lien entre l’autisme et le sexe

Âge (en années)
Moyenne (SD)

10,46 (1,53)

Fourchette

8,67 – 13,25

Moyenne (SD)

9,60 (1,69)

Fourchette

7,42 – 12,50

Moyenne (SD)

9,99 (2,12)

Fourchette

6,75 – 13,60

Moyenne (SD)

9,88 (2,08)

Fourchette

7,01 – 12,75

= 0,296

F(1,62) = 1,11

= 0,841

F(1,62) = 0,04

= 0,139

F(1,30) = 2,31

QI total
Moyenne (SD)

109,94 (9,97)

Fourchette

92,00 – 131,00

Moyenne (SD)

107,31 (11,58)

Fourchette

92,00 – 128,00

Moyenne (SD)

105,69 (15,18)

Fourchette

84,00 – 134,00

Moyenne (SD)

109,19 (12,94)

Fourchette

86,00 – 129,00

= 0,889

F(1,62) = 0,02

= 0,704

F(1,62) = 0,15

= 0,497

F(1,30) = 0,47

QI verbal
Moyenne (SD)

109,75 (12,80)

Fourchette

87,00 – 134,00

Moyenne (SD)

108,44 (12,56)

Fourchette

83,00 – 130,00

Moyenne (SD)

107,75 (12,80)

Fourchette

84,00 – 129,00

Moyenne (SD)

108,88 (14,02)

Fourchette

86,00 – 130,00

= 0,977

F(1,62) = 0,001

= 0,806

F(1,62) = 0,06

= 0,765

F(1,30) = 0,09

QI non verbal
Moyenne (SD)

109,63 (10,87)

Fourchette

90,00 – 133,00

Moyenne (SD)

107,69 (12,25)

Fourchette

87,00 – 131,00

Moyenne (SD)

102,19 (15,52)

Fourchette

81,00 – 132,00

Moyenne (SD)

108,44 (12,69)

Fourchette

89,00 – 130,00

= 0,510

F(1,62) = 0,44

= 0,306

F(1,62) = 1,07

= 0,639

F(1,30) = 0,22

ADOS – 2 Total CSS
Moyenne (SD)

5,75 (2,27)

Fourchette

2,00 – 10,00

Moyenne (SD)

7,00 (2,50)

Fourchette

3,00 – 10,00

Moyenne (SD)

1,38 (0,89)

Fourchette

1,00 – 4,00

Moyenne (SD)

1,31 (0,60)

Fourchette

1,00 – 3,00

= 0,448

F(1,62) = 0,58

p < 0,001

F(1,62) = 125,11

= 0,149

F(1,30) = 2,19

ADOS – 2 SA CSS
Moyenne (SD)

5,81 (2,14)

Fourchette

3,00 – 10,00

Moyenne (SD)

6,94 (2,38)

Fourchette

3,00 – 10,00

Moyenne (SD)

1,81 (1,27)

Fourchette

1,00 – 5,00

Moyenne (SD)

1,81 (0,91)

Fourchette

1,00 – 3,00

= 0,444

F(1,62) = 0,59

p < 0,001

F(1,62) = 103,06

= 0,170

F(1,30) = 1,98

ADOS – 2 RRB CSS
Moyenne (SD)

6,44 (2,66)

Fourchette

1,00 – 10,00

Moyenne (SD)

6,69 (2,60)

Fourchette

1,00 – 8,00

Moyenne (SD)

1,87 (1,92)

Fourchette

1,00 – 7,00

Moyenne (SD)

2,38 (2,16)

Fourchette

1,00 – 7,00

= 0,644

F(1,62) = 0,22

p < 0,001

F(1,62) = 58,25

= 0,790

F(1,30) = 0,07

SCQ Total
Moyenne (SD)

19,56 (6,85)

Fourchette

8,00 – 31,00

Moyenne (SD)

18,69 (6,34)

Fourchette

9,00 – 30,00

Moyenne (SD)

1,75 (2,86)

Fourchette

0,00 – 10,00

Moyenne (SD)

3,31 (3,53)

Fourchette

0,00 – 14,00

= 0,890

F(1,62) = 0,02

p < 0,001

F(1,62) = 166,20

p = 0,710

F(1,30) = 0,1

L’appartenance ethnique n’était pas renseignée pour l’un des participants non autistes. Le niveau d’éducation de la mère n’était pas renseigné pour sept des participants autistes et pour neuf des participants non autistes. CSS = scores de sévérité calibrés de l’ADOS – 2 ; SA CSS = score de sévérité calibré de l’affect social ; RRB CSS = score de sévérité calibré des comportements répétitifs / intérêts restreints ; SCQ = Social Communication Questionnaire. Tests du χ² pour les différences entre les groupes de diagnostic en ce qui concerne le rapport ethnique et l’éducation du côté de la mère. Les valeurs p pour les effets principaux du sexe et du diagnostic sont indiquées ci-dessus, ainsi que les valeurs p pour les différences en fonction du sexe, en particulier dans le groupe autiste.

Échantillons oraux

Les données orales proviennent des sections d’entretien des administrations fiables de l’ADOS – 2 Module 3, enregistrées précédemment au Centre de recherche sur l’autisme de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie. Les données orales des sections de l’ADOS – 2 pertinentes pour ces analyses, à savoir les données faisant référence aux émotions, aux difficultés sociales et à la contrariété, aux amitiés, aux relations, au mariage ainsi qu’à la solitude, ont été incluses. Ces conversations constituent un riche échantillon oral semi-structuré qui comprend une discussion sur divers sujets sociaux et ont été utilisées pour mesurer la perspicacité des enfants par rapport aux émotions et aux relations. Les pauses ne figurent pas dans les analyses. Les conversations ont été enregistrées et filmées à l’aide de caméras autonomes standards.

Les enregistrements audios de chaque conversation ont été transcrits à l’écrit par des annotateurs fiables qui ignoraient le diagnostic des participants et les hypothèses de l’étude. Les annotateurs étaient des étudiants assistants de recherche de premier cycle formés à un protocole modifié de transcription rapide sur le logiciel XTrans [40]. Ils ont tous été formés à la segmentation et à la transcription et présentaient un critère de fiabilité d’au moins 92 %, critère de fiabilité qui devait être respecté systématiquement avant de transcrire (voir [1341] pour une description plus détaillée du processus de transcription). Après la fin du travail de transcription pour chaque participant, un chercheur diplômé a supprimé certains éléments transcrits, notamment des mots ou des phrases relatifs au sexe, au nom, au lieu ou à d’autres facteurs susceptibles d’être des facteurs d’identification. Ces mots ou phrases ont été remplacés par des termes non genrés ou supprimés. Les mots supprimés ou reformulés n’ont pas modifié le sens de l’échange verbal. Les transcriptions ont ensuite été modelées sur un script, de manière à ce que les locuteurs soient identifiés avant qu’ils ne parlent. Enfin, les transcriptions ont été téléchargées dans un format expérimental en ligne, sur la plateforme Qualtrics, aux fins de cette étude.

Procédure de notation

Deux étudiants de premier cycle spécialisés en linguistique dans une petite université d’arts libéraux de l’est des États-Unis ont servi d’évaluateurs pour cette étude. Les étudiants ont suivi une formation qui a duré environ six semaines. Au cours de la formation, les évaluateurs devaient lire et analyser des transcriptions toutes les semaines, puis évaluer chaque transcription d’une conversation d’un des participants à l’aide d’échelles conçues pour en saisir la perspicacité (voir Échelles de perspicacité). Les évaluateurs n’ont pas été informés du diagnostic, du sexe, ou de l’âge des participants. Un total de 30 transcriptions a servi à établir la fiabilité initiale des évaluateurs sur les mesures de perspicacité. Au cours du processus de formation, une fiabilité constante a été établie entre les deux évaluateurs pour chacune des quatre échelles de perspicacité et testée à l’aide d’un coefficient de corrélation intraclasse [42]. Après avoir terminé la formation, les évaluateurs ont commencé à évaluer les transcriptions. Tout au long de l’étude, les évaluateurs n’étaient pas au courant des hypothèses de l’étude relatives aux différences entre les sexes ou à l’autisme afin d’éliminer tout biais potentiel. Environ 44 % (28 / 64) des transcriptions de l’étude ont été doublement notées par les deux évaluateurs. Le reste n’a été noté qu’une seule fois. Les transcriptions qui ont fait l’objet d’une double notation présentaient une fiabilité modérée à élevée (voir la section Résultats pour plus de détails).

Échelles de perspicacité

Quatre échelles de perspicacité différentes ont été utilisées pour évaluer chaque transcription. Ensemble, ces échelles ont permis d’évaluer la perspicacité sociale et émotionnelle des participants sur la base du langage qu’ils ont utilisé pendant les entretiens de l’ADOS – 2 (voir Tableau 2). Les échelles de perception ont été tirées d’études antérieures mesurant la perspicacité chez des enfants non autistes et ont été modifiées afin de les rendre plus claires et adaptées à la tranche d’âge de notre échantillon d’étude (voir la section Fichier additionnel 1 pour plus de détails). Les adaptations effectuées consistaient à modifier le langage pour qu’il soit plus approprié à l’âge de notre échantillon (7 – 14 ans). Les cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants ont été formulés pour évaluer de jeunes enfants ; la formulation a été modifiée pour s’adapter à une tranche d’âge plus élevée. Les trois autres échelles (cognition sociale et relation d’objet, investissement émotionnel dans les relations et compréhension de la causalité sociale) ont été créées pour des populations adultes, mais compte tenu de l’échantillon actuel, elles ont été reformulées pour convenir aux jeunes et aux adolescents.

Tableau 2 : Scores moyens sur les échelles de perception par sexe et par diagnostic (moyennes, écarts-types et fourchettes)

Échelles de perception
Autistes (N = 32)
Non-autistes (N = 32)
Effets

Filles
Garçons
Filles
Garçons
Sexe
Diagnostic
Lien entre l’autisme et le sexe

Cinq niveaux de conscience émotionnelle
3,19 (0,201)

2,00 – 4,00

2,75 (0,201)

1,00 – 4,00

3,44 (0,201)

1,50 – 5,00

2,94 (0,201)

2,00 – 4,00

p = 0,023*

η2 = 0,08

p = 0,281

η2 = 0,07

p = 0,120

Investissement émotionnel dans les relations
3,16 (0,243)

2,00 – 4,00

2,75 (0,243)

1,00 – 4,00

3,84 (0,243)

2,00 – 5,50

3,13 (0,243)

1,50 – 5,00

= 0,058

η2 = 0,06

= 0,013*

η2 = 0,10

= 0,188

Cognition sociale et relation d’objet
3,31 (0,257)

2,00 – 4,00

2,60 (0,257)

1,00 – 4,00

4,03 (0,257)

2,00 – 6,00

3,03 (0,257)

1,50 – 5,50

= 0,001*

η2 = 0,16

= 0,028*

η2 = 0,08

= 0,020*

Compréhension de la causalité sociale
3,44 (0,253)

2,00 – 4,50

2,88 (0,253)

1,00 – 4,00

4,16 (0,253)

2,00 – 6,50

3,22 (0,253)

1,00 – 5,00

= 0,004*

η2 = 0,13

= 0,040*

η2 = 0,07

= 0,041*

Sommaire

Cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants

Cette échelle indexe la capacité des participants à décrire verbalement différentes émotions. Elle est constituée de 5 points (1 correspondant à une capacité minimale ou nulle et 5 à la plus grande capacité) [43]. Cette échelle a servi à évaluer les réponses des participants à des questions directes sur les émotions, par exemple des questions sur la façon dont ils décriraient ces émotions, la façon dont leur corps se sent lorsqu’ils ressentent une émotion spécifique, et le souvenir d’un moment lors duquel ils ont ressenti cette émotion (voir Fichier additionnel 1 : Annexe 1 – A). Un degré modéré de fiabilité a été constaté entre les évaluateurs sur l’échelle des cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants (DAC = 0,737, MCI à 95 % [0,43 – 0,88], F(1,25) = 4,23, p < 0,001).

Cognition sociale et relation d’objet

Cette échelle a été utilisée pour évaluer la compréhension qu’ont les participants de leurs propres pensées et émotions et de celles des autres. Elle est constituée de 7 points (1 = compréhension minimale de leurs propres pensées et émotions et de celles des autres, 7 = compréhension très profonde de leurs propres émotions et pensées et de celles des autres) [44]. Les réponses directes des participants aux questions relatives aux émotions, aux relations et aux contrariétés ont été prises en compte dans cette évaluation. Cette échelle a un lien direct avec la capacité d’une personne à adopter le point de vue d’une autre personne et mesure la capacité de « prise de perspective » d’une manière quantifiable (voir Fichier additionnel 1 : Annexe 1 – B). Un degré élevé de fiabilité a été constaté entre les évaluateurs sur l’échelle de cognition sociale et de relation d’objet (DAC = 0,801, MCI à 95 % [0,49, 0,92], F(1,25) = 6,28, p < 0,001).

Investissement émotionnel dans les relations

Cette échelle a permis d’indexer le niveau de perception qu’ont les participants de leur rôle dans différents types de relations ainsi que leur investissement émotionnel dans ces relations. Elle est constituée de 7 points (1 = ils ne se concentrent que sur eux-mêmes dans la relation, 7 = le participant développe une relation sérieuse et profonde basée sur la compréhension mutuelle) [44]. L’évaluation était basée sur le niveau de relation le plus élevé exprimé par le participant, en raison de la nature des différentes relations plus ou moins profondes selon le contexte (voir Fichier additionnel 1 : Annexe 1 – C). Un degré modéré de fiabilité a été constaté entre les évaluateurs sur l’échelle de l’investissement émotionnel dans les relations (DAC = 0,693, MCI à 95 % [0,35, 0,86], F(1,25) = 3,30, p = 0,001).

Compréhension de la causalité sociale

Cette échelle a été utilisée pour évaluer la capacité des participants à se souvenir d’événements / expériences passés, y compris les émotions qu’ils ont ressenties au cours de ces événements / expériences et les conséquences de leurs comportements sur les autres personnes impliquées. Elle est constituée de 7 points (1 = capacité limitée à se souvenir d’événements / expériences passés, 7 = l’individu se souvient d’événements / expériences passés très cohérents et précis, dans les moindres détails, non seulement le concernant, mais concernant aussi les autres personnes présentes) [44]. Cette échelle combine plusieurs domaines d’intérêt tels que les émotions, la compréhension de son propre comportement, la mémoire des expériences et les différentes relations (voir Fichier additionnel 1 : Annexe 1 – D). Un degré élevé de fiabilité a été constaté entre les évaluateurs sur l’échelle de la compréhension de la causalité sociale (DAC = 0,0760, MCI à 95 % [0,39, 0,90], F(1,25) = 5,31, p < 0,001).

Approche statistique

Pour tester les principales hypothèses expérimentales de l’étude, quatre ANOVAS de modèle général mixte 2 × 2 ont été réalisées, une pour chacune des quatre échelles de perception (variables indépendantes). Les analyses préliminaires n’ont révélé aucune interaction significative entre le diagnostic et le sexe (tous les p > 0,40), de sorte que les analyses finales ont été effectuées avec des effets principaux simples uniquement. Des covariables entre l’âge et le QI ont été testées et aucune différence significative entre les groupes n’a été constatée. Les participants étaient regroupés par âge, par QI et par résultats de tests SCQ pour les groupes autistes. Les principaux effets du diagnostic et du sexe sont constatés séparément. De plus, des ANOVAS ont été réalisées entre les filles et les garçons autistes afin de vérifier si les différences entre les sexes observées dans l’échantillon plus large étaient uniquement présentes au sein du groupe autiste. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées à l’aide du logiciel IBM SPSS (version 29.0).

Résultats

Effets du diagnostic

Les résultats ont révélé des différences significatives sur les groupes diagnostiqués concernant ces trois catégories : la cognition sociale et la relation objet (F = (1,63) = 5,05, p = 0;028, un η2 partiel = 0,08 avec une puissance observée de 0,60), dans lequel les résultats du groupe non autiste étaient plus élevés (M = 3,53, SD = 1,28) que ceux du groupe autiste (M = 2,95, SD = 0,89) ; l’investissement émotionnel dans les relations (F = (1,63) = 6,62, p = 0,013, η2 partiel = 0,10 avec une puissance observée de 0,71) dans lequel les résultats du groupe non autiste étaient plus élevés (M = 3,58, SD = 1,10) que ceux du groupe autiste (M = 2,95, SD = 0,86) et la compréhension de la causalité sociale (F = (1,63) = 4,40, p = 0,040, η2 partiel = 0,07 avec une puissance observée de 0,54) dans lequel les résultats du groupe non autiste étaient à nouveau plus élevés (M = 3,69, SD = 1,30) que ceux du groupe autiste (M = 3,15, SD = 0,79). Le diagnostic n’a pas eu d’impacts significatifs sur l’échelle des cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants (F = (1,63) = 1,18, p = 0,281, η2 partiel = 0,02 avec une puissance observée de 0,19), le groupe non autiste (M = 3,19, SD = 0,79) et le groupe autiste (M = 2,97, SD = 0,79). Voir Fig. 1 et Tableau 2.

Moyennes marginales estimées des évaluations sur les quatre échelles par sexe et par diagnostic. Les données de chacune des quatre échelles de perception sont présentées ci-dessus, ainsi que les moyennes par sexe (garçon — gris et fille — blanc) et par diagnostic (pas de diagnostic d’autisme et diagnostic d’autisme). Pour la figure ci-dessus, *p < 0,05, **p < 0,01, et ***p < 0,005. A Les résultats d’une ANOVA montrent que les filles ont obtenu un résultat significativement plus élevé sur l’échelle des cinq niveaux de conscience émotionnelle, p = 0,023. Les différences entre les diagnostics, p = 0,281, et l’interaction entre le sexe et le diagnostic, p = 0,877, n’étaient pas significatives. B Les résultats d’une ANOVA montrent que les personnes non autistes ont obtenu un résultat significativement plus haut que les personnes diagnostiquées autistes, p = 0,013. Les différences entre les sexes, p = 0,058, et l’interaction entre le sexe et le diagnostic, p = 0,798, n’étaient pas significatives. En outre, des différences ont été constatées chez les filles, p = 0,046. C Les résultats d’une ANOVA montrent que les personnes non autistes ont obtenu un résultat significativement plus haut que les personnes diagnostiquées autistes, p = 0,028, et sexe, p = 0,001. Dans le groupe des personnes non autistes, les filles ont obtenu des résultats significativement plus haut que les garçons, p = 0,025. Dans le groupe des personnes autistes, les filles ont obtenu des résultats significativement plus haut que les garçons, p = 0,020. Les différences dans l’interaction entre le sexe et le diagnostic, p = 0,587, n’étaient pas significatives. En outre, des différences ont été constatées chez les filles, p = 0,044. D Les résultats d’une ANOVA montrent que les personnes non-autistes ont obtenu un résultat significativement plus haut que les personnes diagnostiquées autistes, p = 0,040, et sexe, p = 0,004. Dans le groupe des personnes non autistes, les filles ont obtenu des résultats significativement plus haut que les garçons, p = 0,038. C’est également le cas pour le groupe des personnes diagnostiquées autistes, dans lequel les filles ont obtenu des résultats significativement plus haut que les garçons, p = 0,041. Les différences dans l’interaction entre le sexe et le diagnostic, p = 0,462, n’étaient pas significatives.

Les conséquences du sexe biologique

Dans l’ensemble de l’échantillon, des différences significatives ont été constatées entre les participants féminins et masculins sur les trois échelles suivantes : sur les cinq niveaux de la conscience émotionnelle chez les enfants (F = (1,63) = 5,43, p = 0,023, ηpartiel = 0,08 avec une puissance observée de 0,63), les filles ont obtenu des résultats plus élevés (M = 3,31, SD = 0,81) que les garçons (M = 2,84, SD = 0,79) ;  sur l’échelle de cognition sociale et de relation d’objet (F = (1,63) = 0,11.162, p = 0,001, η2 partiel = 0,16 avec une puissance observée de 0,91), les filles ont obtenu des résultats plus élevés (M = 3,67, SD = 1,02) que les garçons (M = 2,80, SD = 1,09) et sur l’échelle de la compréhension de la causalité sociale (F = (1,63) = 0.8.78, p = 0,004, ηpartiel = 0,13 avec une puissance observée de 0,83), les filles ont obtenu des résultats plus élevés (M = 3,80, SD = 1,14) que les garçons (M = 3,05, SD = 0,92). Aucune différence significative n’a été constatée entre les sexes au niveau de l’échelle de l’investissement émotionnel dans les relations (F = (1,63) = 3,72, p = 0,058, ηpartiel = 0,06 avec une puissance observée de 0,48) entre les filles (M = 3,50, SD = 0,98) et les garçons (M = 3,00, SD = 1,03). Voir Fig. 1 et Tableau 2.

Les conséquences du sexe biologique chez le groupe de participants autistes uniquement

Une ANOVA sur les conséquences du sexe sur la perspicacité socioémotionnelle des participants autistes a révélé d’importantes différences sur deux des quatre échelles : sur l’échelle de cognition sociale et de relation d’objet (F(1,31) = 6,03, p = 0,020), les filles ont obtenu des résultats plus élevés (M = 3,31, SD = 0,63) que les garçons (M = 2,60, SD = 0,97). Elles ont également obtenu des résultats plus élevés (M = 3,44, SD = 0,68) que les garçons (M = 2,88, SD = 0,81) sur l’échelle de la compréhension de la causalité sociale (F = (1,31) = 4,55, p = 0,041). Les résultats de l’ANOVA entre les sexes pour les personnes autistes n’ont montré aucun écart considérable en ce qui concerne les deux autres échelles d’analyse : c’est-à-dire, l’échelle des cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants (F = (1,31) = 2,56, p = 0,120), où les filles ont obtenu le résultat suivant (M = 3,19, SD = 0,63) et les garçons celui-ci (M = 2,75, SD = 0,89) ; et l’échelle d’investissement émotionnel dans les relations (F = (1,31) = 1,82, p = 0,188), où les filles ont obtenu le résultat suivant (M = 3,15, SD = 0,81) et les garçons celui-ci (M = 2,75, SD = 0,89). Voir Fig. 1 et Tableau 2.

Discussion

L’objectif de cette étude était d’évaluer les différences en matière de perspicacité sociale et émotionnelle chez les jeunes autistes par rapport à des témoins neurotypiques. Nous avons également porté une attention particulière aux variations potentielles en fonction du sexe des participants. Dans le cadre de l’expérience, les transcriptions des sections sélectionnées d’une partie de l’entretien ADOS 2 (Module 3) ont été évaluées par des étudiants formés et masqués. Ces derniers ont utilisé les échelles d’évaluation suivantes : les cinq niveaux de conscience émotionnelle, la cognition sociale et la relation d’objet, l’investissement émotionnel dans les relations et la compréhension de la causalité sociale. Les résultats ont montré que les niveaux de perspicacité sociale et émotionnelle variaient entre les participants autistes et non autistes, ainsi qu’entre les garçons et les filles. Plus précisément, la perception des enfants autistes a été jugée inférieure à celle de leurs pairs neurotypiques pour 3 des 4 échelles. En outre, les filles ont présenté des niveaux de perspicacité plus élevés que les garçons, quel que soit leur diagnostic, pour 3 des 4 échelles. Enfin, les filles autistes ont fait preuve d’une plus grande perspicacité que les garçons autistes pour 2 des 4 échelles.

L’hypothèse selon laquelle les personnes autistes présenteraient des niveaux de perspicacité sociale et émotionnelle inférieurs a été corroborée par nos résultats, chez les participants autistes, moyens inférieurs sur les quatre échelles de perception et plus significativement pour trois des quatre échelles : la cognition sociale et la relation d’objet, l’investissement émotionnel dans les relations et la compréhension de la causalité sociale. En outre, aucune relation entre le diagnostic et le sexe n’a été constatée, ce qui indique que les participants autistes ont fait preuve de moins de perspicacité sociale et émotionnelle, quel que soit leur sexe. Ces résultats sont cohérents avec les recherches antérieures indiquant que les personnes autistes ont des difficultés avec différents concepts sociaux tels que la compréhension des émotions et des différentes relations interpersonnelles [945]. À ce jour, la grande majorité des recherches se sont concentrées sur les difficultés qu’éprouvent les personnes autistes à faire preuve d’habiletés sociales, et beaucoup moins sur leur compréhension potentiellement différente des sujets sociaux et émotionnels. À notre connaissance, cette étude est la première à analyser la perception et la compréhension de ces sujets sociaux et émotionnels chez les personnes autistes par rapport aux personnes neurotypiques.

En ce qui concerne les différences entre les sexes, nous rapportons des résultats moyens de perspicacité, plus élevés chez les filles que chez les garçons, pour les quatre échelles. Nous observons des différences significatives sur les échelles suivantes : l’échelle des cinq niveaux de conscience émotionnelle chez les enfants, l’échelle de cognition sociale et de relation d’objet et l’échelle de compréhension de la causalité sociale. Ces résultats appuient notre deuxième hypothèse selon laquelle les filles, qu’elles soient autistes ou non, obtiendraient de meilleurs résultats sur le plan de la perspicacité sociale et émotionnelle que leurs pairs masculins d’âge, d’aptitudes intellectuelles et de degré d’autisme similaires. Ces résultats sont également cohérents avec des recherches antérieures qui ont montré que les filles neurotypiques font preuve d’une plus grande compréhension sociale et d’une plus grande perspicacité que leurs pairs masculins [9]. Cependant, la présente étude est, à notre connaissance, la première à analyser les différences entre les sexes en ce qui concerne les niveaux de perception dans des groupes de jeunes diagnostiqués, ou non, autistes. Les résultats actuels correspondent donc aux résultats antérieurs. Ils indiquent des niveaux de perspicacité sociale et émotionnelle plus élevés chez les filles non autistes par rapport à leurs pairs masculins. Qui plus est, ils fournissent également des preuves directes que cette même tendance peut être observée chez les jeunes autistes. En outre, l’utilisation de quatre échelles d’évaluation sociale et émotionnelle différentes dans la présente étude et l’absence de corrélation entre le diagnostic et le sexe des participants suggèrent que les différences entre les sexes en matière de perspicacité sociale et émotionnelle peuvent être très similaires chez les personnes autistes et neurotypiques.

Bien qu’il n’y ait pas eu de corrélation significative entre le sexe et le diagnostic sur les différentes échelles d’évaluation sociale ou émotionnelle, nous avons tout de même effectué des tests statistiques complémentaires en examinant séparément les différences entre les sexes pour les groupes de participants autistes et non autistes. Ces tests avaient pour but de confirmer la présence ou l’absence de différences propres entre les sexes dans chacun des deux groupes. Les résultats de ces analyses indiquent que, dans les deux groupes, les filles ont obtenu des résultats significativement plus élevés que les garçons sur l’échelle de cognition sociale et de compréhension de la causalité sociale, mais pas sur les échelles de perspicacité émotionnelle. Ces résultats suggèrent que les différences entre les sexes sont plus prononcées et/ou plus constantes dans le domaine de la perception sociale que dans le domaine de la perception émotionnelle, pour les deux groupes. Ainsi, le degré supérieur de compréhension de la cognition sociale et de la causalité sociale chez les filles par rapport aux garçons semble être une différence entre les sexes cohérente au niveau de la population qui se préserve dans l’autisme ; et ce, malgré un comportement social et une compréhension sociale altérés chez les filles autistes par rapport aux filles neurotypiques.

Les résultats actuels indiquent que les filles autistes font preuve d’une plus grande perspicacité sociale que les garçons autistes ayant un âge chronologique, une capacité intellectuelle et un degré d’autisme similaires. Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle les filles autistes présenteraient des niveaux de compréhension sociale plus élevés que leurs pairs masculins. En effet, les filles autistes ont été évaluées comme étant significativement plus perspicaces à la fois sur l’échelle de cognition sociale et de relation d’objet, mais aussi sur l’échelle de compréhension de la causalité sociale. Ce type de résultats est cohérent avec des recherches antérieures suggérant que les filles autistes peuvent faire preuve d’une meilleure compréhension des sujets sociaux que les garçons autistes [9]. Cependant, bien que les filles autistes aient été mieux notées en matière de compréhension sociale que les garçons autistes, elles présentaient toujours des niveaux de compréhension sociale inférieurs à ceux des filles neurotypiques. Ces résultats suggèrent donc que, même si les filles présentent un niveau élevé d’introspection par rapport aux garçons, un diagnostic d’autisme est toujours associé à des niveaux réduits d’introspection sur des sujets sociaux. Le fait que les filles autistes présentent des niveaux plus élevés de perception sociale, bien qu’inférieure par rapport aux filles neurotypiques, peut également expliquer pourquoi elles ont tendance à montrer des symptômes réduits par rapport aux garçons autistes.

Explications possibles

L’une des explications possibles des différences actuelles que l’on observe entre les filles et les garçons tient à la qualité et à la quantité des expériences sociales vécues par les uns et les autres. Lorsque l’on examine les interactions entre filles et garçons, on constate que les filles s’appuient fortement sur les interactions sociales et communicatives pour nouer et entretenir des relations [31]. Des études antérieures ont montré que les filles se plaçaient davantage dans des situations axées sur la socialisation avec d’autres pairs et prenaient part à des activités centrées sur la discussion et la fréquentation d’autres personnes sans structure (par exemple [30]). Cette différence d’expériences expose, à son tour, les filles autistes et neurotypiques à plus d’occasions d’apprendre et de pratiquer différentes situations sociales. Ces stéréotypes sexospécifiques présents dans la société actuelle peuvent jouer un rôle essentiel dans les différences de perspicacité sociale et émotionnelle entre les sexes observées dans cette étude, et dans de nombreuses autres.

Outre la possibilité d’impacts directs sur la perspicacité sociale et émotionnelle, l’expérience et les exigences sociales spécifiques au sexe peuvent également avoir un impact sur le fonctionnement social et émotionnel, la motivation et l’engagement général des enfants. Lorsque les mères parlent à leurs enfants, il y a généralement une différence dans les sujets abordés selon leur sexe [46]. Avec leurs fils, les conversations portent généralement sur l’apprentissage et l’enseignement, tandis qu’avec leurs filles, elles sont plus axées sur les interactions sociales et les émotions. Ces sujets de conversation se sont ensuite avérés être ceux sur lesquels l’enfant se concentrait pendant son temps libre, qu’il s’agisse de jeux basés sur l’enseignement ou sur la socialisation [31].

En outre, les filles qui sont victimes de rejet et de harcèlement sont souvent confrontées à un harcèlement mental plus important [44]. À l’inverse, les garçons qui sont rejetés sont souvent victimes de harcèlement physique. Cependant, on constate que les filles souffrent davantage du harcèlement moral qu’elles subissent [47]. L’intimidation mentale se réfère aux injures, à l’exclusion du groupe et au fait de parler dans le dos de quelqu’un, ce que les filles subissent plus fréquemment [47]. Par conséquent, les filles et les garçons, y compris les personnes autistes, courent des risques différents lorsqu’ils font preuve d’un manque de perspicacité sociale et/ou émotionnelle. Outre le risque d’anxiété, de dépression et d’isolement social, ce type d’intimidation peut également conduire les individus à apprendre des comportements et des traits sociaux particuliers dans le but de mieux s’adapter aux normes de la société et d’éviter les intimidations.

Comme nous l’avons vu précédemment, l’autisme a toujours été étudié et diagnostiqué à partir d’échantillons à prédominance masculine [48]. De la même façon, la plupart des troubles du développement précoce (c’est-à-dire ceux qui sont identifiables au cours des six premières années de la vie) sont plus souvent diagnostiqués chez les garçons, ce qui explique cette forte dominance masculine [5]. Par conséquent, on pourrait expliquer les résultats de cette étude ainsi que leur relation avec l’identification et le diagnostic des filles autistes par une différence dans le développement de l’autisme entre les sexes et par le fait que les filles autistes font preuve d’une meilleure compréhension des relations sociales ; ce qui reflète une forme plus légère de difficulté cognitive sociale interne. Cependant, plusieurs autres explications potentielles pourraient suggérer que les outils, les pratiques cliniques et les méthodes diagnostiques actuels devraient être repensés et modifiés.

Un autre lien potentiel entre ces résultats et les efforts pour identifier et diagnostiquer les filles autistes concerne les différences de camouflage entre les sexes. Comme décrit précédemment, le camouflage est l’action de modifier ses comportements pour les adapter aux contextes situationnels [41]. La découverte par cette étude d’une plus grande perspicacité sociale chez les filles que chez les garçons autistes ouvre la possibilité qu’elles soient, en moyenne, plus capables que les garçons autistes de camoufler leurs difficultés comportementales en matière d’interaction sociale. Si tel était le cas, les filles autistes pourraient alors être plus difficiles à identifier et à diagnostiquer que les garçons autistes. Cependant, et comme l’a déjà souligné Parish-Morris, ces filles pourraient tout de même souffrir de symptômes internes tels qu’une émotivité négative résultant de leur expérience sociale et du manque de soutien en tant que personne non diagnostiquée ou mal diagnostiquée [49].

Limites

Comme toute étude, celle-ci comporte certaines limites qui doivent être prises en compte lors de la poursuite de ce type de travaux à l’avenir. La première limite concerne l’âge de notre échantillon. L’étude a porté sur des enfants et des adolescents ; nous ne sommes donc pas en mesure de déterminer si les différences de perception observées persistent à l’âge adulte ou, au contraire, si l’âge et/ou l’expérience augmentent ou réduisent les écarts de perspicacité sociale et émotionnelle. Par ailleurs, notre l’échantillon était limité a des jeunes autistes sans troubles du langage ou déficiences intellectuelles concomitantes. Nous ne pouvons donc pas généraliser les résultats concernant les différences entre les sexes en matière de perspicacité sociale et émotionnelle aux personnes autistes qui présentent des troubles du langage ou des déficiences intellectuelles concomitantes. Les résultats de l’étude doivent être interprétés et généralisés en tenant compte de son échantillon, qui est principalement composé de jeunes blancs ayant des capacités cognitives moyennes à élevées et des symptômes d’autisme légers à modérés, tels que mesurés par l’ADOS-2 et le SCQ. Les futures recherches sur ce sujet devront utiliser des échantillons plus larges afin de mieux comprendre comment la perspicacité sociale et émotionnelle varie pour toutes les personnes atteintes d’un trouble du spectre autistique. La présente étude a mesuré cette perception en transcrivant et en notant les réponses verbales des participants aux questions relatives à la perspicacité sociale et émotionnelle dans le cadre d’une évaluation clinique/diagnostique normalisée. La mesurer de cette manière nous permet d’évaluer l’expression extérieure de la perception sociale et émotionnelle d’un participant par le biais du langage verbal. Cette méthode constitue une manière objective d’indexer les états internes par le biais de l’auto-évaluation. Toutefois, cette approche ne permet pas nécessairement d’appréhender, chez l’individu, l’entièreté de son introspection. Les recherches futures devraient tenter d’élargir l’étude actuelle en développant des mesures qui sondent plus profondément le potentiel d’autres aspects internes de l’introspection.

Instructions futures

Les résultats de cette étude fournissent des preuves directes quant aux différences entre les filles et les garçons autistes en ce qui concerne les niveaux de perspicacité sociale et émotionnelle. Ils aident alors à mieux comprendre les différences uniques potentiellement présentes chez les filles autistes par rapport aux garçons autistes. À l’heure actuelle, on ne dispose que de peu d’informations sur les filles et les femmes autistes puisqu’elles représentent qu’un faible pourcentage de la population autiste. Ces résultats, bien que prometteurs, font partie d’un nombre relativement restreint d’études sur ce sujet et cette population. Il reste à mener des recherches supplémentaires pour tirer des conclusions plus solides et élaborer des théories plus complètes concernant les filles et les femmes autistes.

À l’avenir, nous pensons qu’il y a trois principaux champs à étudier. Le premier concerne l’examen de potentielles modifications des outils et processus de diagnostic ou la création de nouveaux outils et processus pour mieux aider les jeunes filles autistes encore non diagnostiquées. La majorité des outils diagnostiques utilisés aujourd’hui ont été élaborés à partir de populations essentiellement masculines, avec seulement 22 % de participantes féminines [50]. Des études récentes, dont celle-ci, commencent à mettre en évidence des différences subtiles, mais importantes au niveau des caractéristiques et des symptômes de l’autisme chez les filles et les femmes par rapport aux garçons et aux hommes. Au vu des résultats de cette étude concernant les filles autistes, il est clair que les outils et processus de diagnostic doivent être examinés plus en détail afin d’évaluer s’ils doivent être modifiés pour prendre en compte les différences probables en matière de perspicacité sociale et émotionnelle entre les garçons et les filles autistes. Par exemple, la formation clinique/diagnostique aborde explicitement la nécessité pour les cliniciens de prendre en compte l’âge chronologique et développemental de chaque participant lors de l’évaluation et de la notation des réponses des patients aux questions portant sur la perspicacité sociale et émotionnelle, mais les résultats de cette étude indiquent que ces formations devraient également aborder explicitement la nécessité pour les cliniciens de prendre en compte le sexe du patient. De futures recherches utilisant des échantillons plus importants de participants devraient également examiner directement les impacts du sexe et du genre sur les résultats de l’ADOS-2 liés à la perception clinique/diagnostique et sur les autres résultats attribués aux filles par rapport aux garçons, et aux femmes par rapport aux hommes, ainsi que sur la manière dont ces résultats sont liés à la prise de décision concernant le diagnostic de la Meilleure Estimation Clinique (CBE).

Deuxièmement, il est nécessaire de mener des études qui aideront à déterminer comment modifier au mieux les différentes interventions afin d’aider les filles et les femmes autistes d’une meilleure façon. Les résultats de cette étude montrent une différence dans la perception de sujets sociaux et émotionnels chez les filles et les garçons autistes. Outre ces différences observées, l’explication de la théorie de la motivation sociale suggère qu’il n’y a non seulement des différences dans la compréhension des sujets sociaux, mais aussi dans la manière dont cette compréhension conduit à des comportements et à des tentatives destinées à former des liens basés sur ces compréhensions [1151]. Les recherches futures devraient examiner les conséquences concrètes des déficits et des différences de perspicacité sociale et émotionnelle chez les filles par rapport aux garçons, y compris la manière dont ces déficits et ces différences affectent leurs interactions, leur confort, leur autonomie et leur réussite dans les interactions avec les individus et les groupes de même sexe et de sexe opposé ; par exemple, la façon dont les filles autistes sont affectées par le fait d’avoir une moins bonne perspicacité sociale et émotionnelle que leurs pairs féminins neurotypiques, et la manière dont elles sont affectées par le fait d’avoir une perspicacité sociale et émotionnelle similaire à celle de leurs pairs masculins non autistes. Les résultats de ces études pourraient déboucher sur des programmes d’intervention mieux adaptés et plus bénéfiques aux filles autistes.

Enfin, il est nécessaire de mener des recherches complémentaires afin de mieux caractériser et comprendre la nature, la profondeur et l’étendue des différences de perspicacité sociale et émotionnelle entre les filles et les garçons autistes et neurotypiques, ainsi qu’entre les hommes et les femmes. Par exemple, bien que les transcriptions utilisées dans la présente étude, qui proviennent d’une discussion relativement courte sur les perceptions sociales et émotionnelles entre un clinicien et un patient, aient permis d’examiner et de comparer les perceptions sociales et émotionnelles chez les filles et les garçons autistes et non autistes, elles n’en restent pas moins insuffisantes pour une analyse qualitative ou thématique. Les recherches futures qui impliquent le développement et le déploiement d’évaluations plus approfondies de la perspicacité sociale et émotionnelle, basées sur des entretiens, chez les filles et les garçons autistes et neurotypiques seront très utiles pour s’assurer que nous parvenons à une compréhension plus complète de la nature, de l’étendue, de la profondeur et de la variabilité des différences entre les sexes en matière de perspicacité sociale et émotionnelle.

Conclusions

En résumé, les résultats de la présente étude démontrent qu’il existe des différences entre les filles et les garçons autistes et neurotypiques en ce qui concerne la compréhension des sujets sociaux. Plus précisément, il a été observé que les jeunes autistes présentaient des niveaux plus faibles d’introspection sociale et émotionnelle que les jeunes neurotypiques. En outre, les filles ont montré des niveaux plus élevés de perception sociale cognitive et de causalité sociale que les garçons, qu’elles soient autistes ou non. Jusqu’à présent, il n’existe que peu de recherches sur les différences entre les garçons et les filles autistes en général, ou sur la perspicacité sociale des filles et des garçons autistes. Les résultats actuels sont cohérents avec des recherches antérieures démontrant que les filles non autistes présentent des niveaux plus élevés d’introspection sociale par rapport aux garçons non autistes, et s’étendent avec des preuves de ce même effet dans un échantillon d’enfants autistes.

Les résultats de la présente étude ont des implications directes sur la compréhension des caractéristiques, des expériences et des capacités des filles autistes. Par exemple, le fait que les filles autistes aient une meilleure perception de la cognition sociale et de la causalité sociale que les garçons autistes, mais une moins bonne perception de la cognition sociale et de la causalité sociale que les filles neurotypiques suggère que les interventions et les aides doivent prendre en compte le rôle et les relations des interactions et des expériences sociales spécifiques aux filles dans l’expérience de l’autisme chez les filles. De même, les cliniciens devraient être explicitement sensibilisés au fait qu’il existe des différences entre les sexes en matière de perspicacité sociale chez les filles et les garçons autistes ou neurotypiques, dont il faudra peut-être tenir compte lors du processus diagnostique de l’autisme chez les filles à l’aide de procédures de diagnostic clinique normalisées et non normalisées existantes. Par exemple, les cliniciens tiennent compte de l’âge chronologique et développemental du patient lorsqu’ils établissent leurs attentes en matière d’administration et de notation de l’Autism Diagnostic Observation Schedule (ADOS) pour des sujets tels que la perspicacité sociale et émotionnelle, cependant ils pourraient également considérer le sexe du patient comme un facteur lors de l’administration et de la notation des sections relatives à la perspicacité sociale et émotionnelle de l’ADOS-2. Ces résultats engendrent également une meilleure compréhension des expressions et des expériences de l’autisme en général. Par exemple, en élucidant davantage le phénotype de la fille autiste dans l’étude actuelle, nous pouvons commencer à imaginer et à planifier des études qui nous aideront à comprendre l’étendue de la diversité des processus de développement, des mécanismes et des expériences cognitives et émotionnelles internes et externes des personnes autistes, ainsi qu’à développer et à tester des modèles théoriques de l’autisme.

Disponibilité des données et des informations

Les données générées et/ou analysées au cours de cette étude ne sont pas accessibles au public en raison des préoccupations liées à la protection de la vie privée des personnes mineures handicapées.

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Remerciements

Nous remercions les jeunes et les familles qui ont participé à cette recherche, ainsi que les cliniciens, le personnel, les évaluateurs et les étudiants du Centre de recherche sur l’autisme pour leur travail.

Informations sur les auteur·e·s

HM : Département de psychologie, Université d’État de Pennsylvanie ; département de psychologie et Centre Kinney pour l’éducation et le soutien à l’autisme, Université de Saint-Joseph ; centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie ; MC : Département de psychologie, Université La Salle ; centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie ; KGT, AK, AR, MRP, AH, & MC : Centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie ; JP-M : Centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie ; école de médecine Perelman, Université de Pennsylvanie ; JPM : Département de psychologie, Université d’État de Pennsylvanie ; département de psychologie et Centre Kinney pour l’éducation et le soutien à l’autisme, Université de Saint-Joseph ; centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie.

Financements

Cette étude a été financée par R01DC018289 (PI : Parish-Morris) et par une bourse du directeur de l’Institut de recherche CHOP attribuée au Dr Parish-Morris.

Informations sur les auteur·e·s

Auteur·e·s et affiliations

Département de psychologie et Centre Kinney pour l’éducation et le soutien à l’autisme, Université de Saint-Joseph, Philadelphie, États-Unis

Hunter Mattern et Joseph P. McCleery

Centre de recherche sur l’autisme, Hôpital pour enfants de Philadelphie, Philadelphie, États-Unis

Hunter Mattern, Meredith Cola, Kimberly G. Tena, Azia Knox, Alison Russell, Maggie Rose Pelella, Aili Hauptmann, Maxine Covello, Julia Parish-Morris et Joseph P. McCleery

Département de psychologie, Université d’État de Pennsylvanie, 140 Moore Building, University Park, PA, 16802, États-Unis

Hunter Mattern

École de médecine Perelman, Université de Pennsylvanie, Philadelphie, États-Unis

Julia Parish-Morris

Contributions

HM, JP-M et JPM ont conçu les hypothèses de cette étude, effectué des recherches bibliographiques, recueilli, analysé et interprété les données, les figures produites et rédigé ce manuscrit. MC, KGT, AR et AK ont coordonné la collecte des données et organisé les données relatives aux caractéristiques des participants des multiples échantillons de population étudiés à partir desquels les données ont été collectées et analysées. MC, KGT, AK, LB, MRP, AH et MC ont participé à la conceptualisation de l’étude, à la collecte et à l’interprétation des données, ainsi qu’à la relecture du manuscrit. Tous les auteurs ont eu accès aux données de l’étude et ont partagé la responsabilité finale de la décision de publier cette recherche. Tous les auteurs ont lu et approuvé ce document*. [*Document original rédigé en anglais]

Correspondance

Correspondance à Hunter Mattern.


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